Avant de prendre l’assaut du sujet de la déconnexion, faisons un tour de l’état actuel.
Dans notre société moderne, nous sommes constamment connectés. Pour travailler, communiquer avec nos proches, organiser une sortie, voyager et parfois même faire les courses, nos smartphones, tablettes, ordinateurs et réseaux sociaux font partie intégrante de nos quotidiens.
Les nouvelles technologies ont été à l’origine conçues dans le but de nous rendre la vie plus facile et nous faire gagner du temps. Ironiquement, notre dépendance – voire addiction – à ces appareils entraîne une perte de temps, annulant ainsi les bienfaits initiaux. Alors même que nous sommes sensés être plus productifs et libres grâce à ces avancées, nous nous retrouvons souvent perdus dans un labyrinthe numérique, détournant notre attention des aspects les plus importants de nos vies et nous donnant parfois cette sensation de « courir après le temps ».
L’exclusivité au temps – qui est l’idée de consacrer pleinement son attention et sa présence à une activité, une tâche ou une personne sans être distrait ou interrompu par d’autres éléments – n’est plus, ou alors est « moins ».
Il est donc essentiel de réfléchir à l’usage que nous faisons de ces technologies et à la manière dont nous pouvons les maitriser pour réellement en tirer profit.
Mais c’est quoi la déconnexion exactement ?
La déconnexion est une pratique consciente et intentionnelle qui vise à limiter ou à couper temporairement la dépendance aux appareils et distractions numériques, afin de favoriser une meilleure qualité de vie, une réduction du stress, une augmentation de la productivité et une connexion plus profonde avec le monde réel et les personnes qui nous entourent. Il existe plusieurs façons de procéder, l’important est de trouver celle qui nous convient.
Dans cet article, on vous propose des données chiffrées qui vous permettront de mesurer l’impact de l’hyperconnexion du nos quotidiens. On vous a aussi concocté tout un panel de conseils pour se déconnecter en n’oubliant pas les bienfaits de cette prise de recul. Et puis, on a aussi décidé de recueillir quelques témoignages.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes
L’hyperconnnexion quotidienne : Selon une étude menée par Ipsos, près de 82% des utilisateurs de smartphones vérifient leur téléphone dans les 15 minutes suivant leur réveil. De plus, environ 60% des personnes interrogées ont déclaré qu’elles gardent leur téléphone à portée de main pendant la nuit. Cette connexion permanente peut entrainer stress, anxiété et problèmes de sommeil répercutant par conséquent la productivité au travail.
Les risques pour la santé mentale : L’OMS a révélé que l’utilisation excessive des médias sociaux peut augmenter les sentiments de solitude, de dépression et encore une fois, d’anxiété. De plus, une étude publiée dans le Journal of Occupational Health Psychology a montré que l’utilisation constante des appareils numériques après les heures de travail peut entraîner un épuisement professionnel et une détérioration de la santé mentale et parfois contribuer au burn-out. D’un autre côté, une recherche menée par Primack et al. en 2017 a révélé une corrélation entre l’utilisation excessive des réseaux sociaux et un sentiment accru de solitude (isolement social).
La productivité en baisse : Selon une étude réalisée par l’Université de Californie, une interruption de seulement 2,8secondes, comme la réception d’une notification, peut entraîner une baisse de productivité allant jusqu’à 40%. De plus, une enquête menée par RescueTime a révélé que les employés passent en moyenne plus de 2h par jours sur des sites et applications non liés à leur activité professionnelle, ce qui représente à peu près 10h par semaine de travail perdu.
La relation à l’autre : L’utilisation excessive des technologies numériques peut nuire à notre capacité à décoder et à interpréter correctement les indices non verbaux dans les interactions sociales d’après une étude publiée dans Computers in Human Behavior en 2015.
Les bienfaits de la déconnexion sont donc nombreux. En se déconnectant régulièrement, on réduit le stress, l’anxiété et l’épuisement professionnel. Une étude réalisée par l’Université de Gothenberg en Suède a interrogé certains férus de la déconnexion et ceux-ci se disent plus satisfaits de leur vie et présentent moins de symptômes de détresse psychologique. La déconnexion permet aussi de se reconnecter avec les autres de manière authentique, passer des moments plus qualitatifs et retrouver une partie de l’essence humaine : la communication entre pairs. Faire disparaitre les distractions numériques permet d’accorder une véritable attentions aux personnes qui nous entourent. Et bien sûr, notre concentration et notre productivité ne sont que ravivées par l’adoption d’un mode de vie plus loin des écrans.
On sait que c’est super, mais comment on fait ?
Vous vous en doutez, vous ne trouverez pas de recette magique ici. Par contre, on vous propose deux plans d’attaque avec quelques tips pour chacun !
« Un peu tous les jours »
Être conscient : C’est la première étape évidemment. Soyez conscient de votre utilisation des technologies numériques et de leur impact sur votre vie. En développant une plus grande conscience, vous pourrez prendre des décisions plus éclairées sur votre façon d’utiliser votre temps et votre attention.
Établir des périodes de déconnexion : Au réveil, pendant les repas, avant le coucher… Libre à vous de choisir la période de la journée qui vous va le mieux pour passer un temps loin des écran. Inutile de faire durer ce moment pendant 3h, commencez peut-être avec 30min et puis agrandissez cette plage horaire au fur et à mesure.
Créer des espaces sans technologie : Définissez des zones dans votre environnement où les appareils électroniques ne sont pas autorisés. La chambre ou la salle de bain sont de bonnes options !
Désactiver les notifications inutiles : Limitez les notifications aux seules applications ou contacts essentiels.
S’occuper sans : Prévoyez régulièrement des activités qui ne nécessitent pas l’utilisation de la technologie. Lecture, sport, promenade, rencontre avec des amis, ou même des ateliers créatifs comme le dessin, le jardinage ou la cuisine.
« À fond pendant ma semaine de vacances »
Ne pas partir sans rien dire : Informez votre entourage de votre intention de vous déconnecter. Cela leur permettra de comprendre que vous ne serez pas disponible sur la période donnée. Vous pouvez configurer des réponses de mail automatiques, autant sur vos boîtes pro que perso, incluant si possible une date de retour.
Éviter la tentation : Essayer de choisir un hébergement sans connexion wifi ou bien avec une connexion limitée. Au même titre, n’emmenez pas vos appareils électroniques sauf en cas de nécessité.
Établir des règles : Fixez-vous des règles claires. Par exemple, décidez de ne consulter vos e-mails et réseaux sociaux que pendant une courte période définie chaque jour, ou alors évitez les complètement.
Vivre : Les vacances sont l’occasion rêvée pour partir à l’aventure ou pratiquer des activité de plein air loin du labyrinthe numérique. Restez engagé dans le moment présent !
Accepter l’imperfection : Accordez-vous la permission de ne pas être déconnecté à 100% chaque jour. Gardez en tête que l’objectif est de réduire au maximum votre dépendance aux appareils numériques. Et puis, il peut y avoir des imprévus. Soyez indulgent avec vous-même, si vous savez que vous avez fait de votre mieux, soyez fier de vous.
Témoignages :
« Et toi, tu t’y prends comment pour déconnecter ? » (rapport à l’hyperconnexion, techniques & bienfaits)
La première personne qui nous a parlé de tout ça c’est Gaïa, la fondatrice d’EOS.
Pour commencer, elle nous a confié avoir grandi dans un environnement loin des écrans et des réseaux sociaux. Pas de télévision, pas d’ordinateur et un premier téléphone portable à 17ans. Ensuite arrive le début de la vie professionnelle et là, plus le choix, la communication numérique oblige à la connexion ce qui instaure, en plus, une pression personnelle : il faut se rendre disponible, répondre immédiatement aux messages, et par conséquent checker ses notifications très régulièrement. Ça a aussi changé son rapport aux autres dans ce cadre là, si ils ne répondent pas vite, c’est presque considéré comme de l’irrespect.
Pour se déconnecter, il y a donc eu plusieurs étapes. À commencer par le choix des canaux de communication, moins d’options, moins de dispersion, moins de pression. Pour ce qui est de la vie en dehors du travail c’est très simple : pas de GPS en voiture, pour se laisser porter par la route mais aussi mémoriser les trajets, toujours pas de télévision à la maison et surtout le week-end, pas de téléphone
Alors même si ça lui vaut quelques réprimandes de la part de sa famille et ses amis, son équilibre est là, dans l’instant présent (notion d’exclusivité au temps). De son expérience, Gaïa a la sensation de passer des moments de meilleure qualité avec ses proches mais aussi d’être plus attentive aux discussions et donc de mieux s’en souvenir.
Maintenant c’est Marlène, notre jeune chargée de développement qui va nous parler de son rapport à la déconnexion.
La génération n’est pas la même pour commencer : enfant de la génération Z, les écrans ont toujours été là, la télévision du moins. Autour de 4ans, le premier ordinateur de la maison, 10ans le premier téléphone (pour les trajets en solo) et enfin 11ans un ordinateur portable. Même si ses parents ont, jusqu’à ses 13/14ans veillé sur ses activité liées à des écrans (établissement d’horaires, forfaits bloqués), Marlène a naturellement développé cette dépendance. Maintenant âgée de 21ans, elle nous a confié avoir conscience d’un problème d’addiction, en revanche, elle a l’impression de parfois faire preuve d’une certaine gestion. Autre côté négatif, le check des notifications et l’angoisse liée à celles-ci.
Déjà, inconcevable pour elle de dîner avec d’autres personnes en étant sur son téléphone, ça a toujours été interdit à la maison et c’est tout a fait resté, d’ailleurs si quelqu’un le fait, elle trouve ça irrespectueux. Ensuite, elle supprime pendant des périodes d’environs un mois les applications qui lui posent problème, celles qui lui ont perdre du temps : TikTok, Instagram, Twitter, pour faire comme une « détox »
Le vrai problème se pose avec la musique, elle en écoute en permanence, dans son casque ou sur une enceinte connectée en bluetooth à son téléphone qu’elle doit donc avoir auprès d’elle. Par exemple, il lui est quasiment « impossible » de sortir seule (en balade) sans téléphone ou musique. La déconnexion est donc plus difficile à mettre en place mais peut-être que cet article lui donnera des pistes à explorer !
Trouver un équilibre dans notre utilisation des technologies est essentiel pour préserver notre essence humaine. Bien que l’hyperconnexion soit un fléau, il est tout à fait possible de tirer le meilleur parti des outils connectés sans les laisser dominer nos vies. Poser son téléphone lors de moments de partage pour retrouver la notion d’exclusivité au temps et se consacrer pleinement à ce qui est en train d’être vécu ne peut qu’aller en la faveur de l’intensité de l’expérience. Peu importe la technique que vous adoptez, les éléments les plus importants sont les bienfaits que vous tirez de la déconnexion.